Extrait du chapitre de Déviance II : La Stout

Extrait de l’un des chapitres du tome 2 de Déviance, publié par 5 Sens Éditions, septembre 2019.


La stout,

Comme hypnotisé par une scène qu’il ne voyait pas, l’éditeur se coula dans la foule des clients pour y chercher une place en retrait. Une table à l’écart, près d’un foyer d’où se diffusait une chaleur bienfaisante, capta enfin son attention. Ce soir, Stefan avait besoin d’un havre de paix qui accueille ses tourments insensés.

L’endroit était tout désigné et Stefan se délectait à l’avance d’un dîner consistant et d’une bonne bière pour restaurer ses forces, car il ne s’était pas sustenté de la journée ; une bière amère, une brune bien lourde qu’il savourerait à petites gorgées.— Une Oyster Stout, s’il vous plaît, commanda-t-il au serveur qui approchait.Une fois la pinte de bière entre ses mains, il en huma le parfum âcre et goûta la saveur du houblon et du malt mêlés avant de se laisser submerger de nouveau.

Devant ses yeux, vagissait une réminiscence fragile dont il ne discernait pas l’origine, mais qu’il rattachait furieusement à la présence de l’écrivaine lorsqu’il marchait à ses côtés, ou bien lorsqu’il lui racontait des anecdotes près de l’âtre du château, en attendant la venue du maître des lieux.Ils étaient seuls, alors ; les enfants étaient repartis à leurs jeux. Caitline avait eu ce regard intense à son égard, un regard hypnotique qui l’avait emprisonné dans son aura faite d’obscurité et de lumière.Caitline avait toujours été ainsi ; mais cette fois-là, Stefan n’avait pas su résister à l’âpreté de l’intention derrière le merveilleux sourire ; à l’instar de cette bière qui dessillait en lui des zones qui n’auraient pas dû l’être. Qu’avaient cherché à lui signifier ce sourire, ses yeux scrutateurs et son discours envoûtant ?Un papillon jaillissant de sa chrysalide.L’éditeur s’extirpa du rêve éveillé, lorsque le fumet épicé du plat qu’on lui posait sous le nez lui monta à ses sens éperdus.La raison lui revint, ainsi que le goût de la bière.Volontairement, il s’échappa de son obsession pour réintégrer le présent : ce pub et les bienfaits très réels qu’il procurait. Il découpa la tranche de jambon d’York, et enfourna, sans fard, une cuillère de purée de pois nappée d’une sauce aux aromates qui relevait l’ensemble.Les rêves s’envolèrent, tandis que ne subsistaient plus que le plaisir de bouche et l’ambiance récréative des lieux.

Cette lecture s’achève ici. J’espère que je t’aurais donné l’envie d’en lire davantage. N’hésite pas à te rendre sur mon site : christinebarsi.com. À bientôt.




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